AFRICA FÊTE fête ses 20 ans !

Il y a tout juste 20 ans, au printemps 2004, Mamadou Konté et Cécile Rata créaient à Marseille, Cola Production, une structure à même de dynamiser les échanges entre les artistes du continent africain et la France, tête de pont d’un rayonnement international. Cola Production et son festival Africa Fête se posaient à Marseille plutôt qu’à Paris où en 1978, Mamadou Konté, alors travailleur immigré, avait initié Africa Fête. Son but premier était alors l’amélioration des conditions de vie dans les foyers africains, un combat autour duquel il avait su fédérer chanteurs engagés acquis à la cause (Béranger, Nougaro, Higelin, Lavilliers) et musiciens africains jamais ou rarement vus sur le vieux continent (Youssou N’Dour, Xalam ou Touré Kunda…)
Son nouveau désir d’action sur le territoire français venait alors en écho au travail en matière de diffusion, de promotion, de structuration et d’accompagnement des artistes et de leurs œuvres, mené depuis son retour sur le continent africain, et la création en 1995 de Tringa Musique et Développement à Dakar. Cet engagement auprès des artistes africains rencontrait le désir des dirigeants de la Friche La Belle de Mai d’ouvrir ce lieu en pleine effervescence au continent voisin, à l’Afrique et ses cultures.
Ce printemps, Cola Production toujours implantée à la Friche la Belle de Mai fête ses 20 ans. En 2025, Tringa célèbrera ses 30 ans dans la capitale sénégalaise. Ces deux structures sœurs, ce label comme les appelait Mamadou Konté, cherchent à donner un nouveau souffle à l’esprit précurseur et inventif du créateur d’Africa Fête. Elles souhaitent être présentes sur le champ culturel mais aussi sociétal à l’heure où le débat autour des identités occulte tout autre point de vue, et aussi, et surtout à faciliter la reconnaissance des artistes africains des deux côtés de la Grande Bleue, en initiant de nouveaux partenariats.

Nous rendrons lors de cette nouvelle édition d’Africa Fête, un hommage à Mamadou Konté qui nous a quitté, le 20 juin 2007, à ce passeur, cet homme de culture qui portait fièrement sa double nationalité et ses décorations (Chevalier en 1992, puis d’Officier en 2002 de l’ordre des Arts et des Lettres). 20 ans après le retour en France de l’esprit d’Africa Fête, nous nous interrogeons et réfléchissons au futur d’une structure qui doit trouver un nouvel élan et faire face au rétrécissement du champ des idées de fraternité en Europe, et aux baisses drastiques des budgets et subventions. Le monde a changé. Les artistes du continent africain ont aujourd’hui d’autres biais pour se faire connaitre et reconnaître. Internet et l’implantation de certaines majors au cœur de l’Afrique de l’Ouest accélèrent la reconnaissance de certains, mais le propos de ce grand timonier des musiques africaines ne se limitait à être un bureau de placement, il pensait le monde en termes d’échanges de pair-à-pair, devançant les serveurs de peer-to-peer de quelques années.
Conséquence directe du rétrécissement des budgets, nous ne pourrons faire vivre comme à l’accoutumée, le village associatif, relai indispensable avec les associations de terrain du territoire. Nous le regrettons vivement et espérons que tous nos partenaires avec qui nous co-construisons ce village depuis des années nous rejoignent autour de cet hommage à Mamadou Konté.

Africa Fête a été et sera toujours bien plus qu’un festival.
Belle prochaine édition à toutes et à tous.

L’équipe Africa Fête 2024